La Fuite en Égypte :

Curieusement installé en surplomb des autres panneaux, cette scène raconte le mystérieux épisode de la « fuite en Égypte », décidée par Joseph pour faire échapper Jésus au « massacre des innocents ». La scène montre ici un âne tout en rondeurs et à la croupe accueillante, sur lequel Marie a pris place ; elle n’est pas installée en amazone, comme c’est le cas dans la plupart des représentations classiques, à vrai dire son maintien est assez indistinct car la sculpture tient visiblement à aller à l’essentiel : le geste par lequel elle protège Jésus, pratiquement enfoui dans son manteau au point qu’on n’en voit que la tête, enclose dans le petit cercle formé par le bras de la Vierge, l’encolure de l’âne et la tête de Marie. Marie et Jésus sont ainsi autant dire visage contre visage, dans une pose que nous reverrons.

Dans ces cinq scènes Marie est présente, c’est elle qui se trouve au centre de l’action. On imagine sans peine pourquoi il en va ainsi. En attendant ce qui se dégage du début de cet évangile, c’est le mélange de confiance, de sérénité, même sur l’âne de la fuite, et plus encore de silence ; le silence est largement la caractéristique de Marie, selon ce qui est écrit :

Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur[4].

On s’apercevra vite que ce silence n’est pas l’apanage de ces cinq premières scènes : d’une manière un peu inexplicable il parcourt tout l’évangile de pierre. Il suffit pourtant de se placer face à un Chemin de Croix traditionnel pour percevoir, ici les insultes des soldats, là les vociférations de la foule, ailleurs les sanglots des femmes de Jérusalem, plus loin encore les paroles du Christ en croix. Ces images sont bruyantes. L’évangile de pierre de Notre-Dame de la Paix est un évangile silencieux[5].